Ce fût une bonne journée.
Rien ne s’est passé comme prévu.

Une nuit écourtée par le miaulement d’un chat affamé qui n’a toujours pas compris le principe de “grasse matinée”. Un atelier programmé qui s’annule faute de participants. Une commande de dernière minute qui réclame mon attention… J’ai l’impression que mon organisation s’octroie des congés payés. Je n’ai plus qu’à prendre mon planning, le rouler en boule et l’envoyer valser dans la cheminée.

Tandis que je buvais ma tasse de thé, j’ai commencé à pester contre le chat, les chaussettes orphelines, le déjeuner à préparer (suis-je la seule à avoir l’impression de passer mes semaines à cuisiner depuis le premier confinement ?), le manque de visibilité de Peau de Coton. J’ai alors réalisé que cette semaine, beaucoup de choses ne s’étaient pas passées comme prévu en fait.

Etre prise à défaut sur mon organisation me paraît terrible. Une faute inavouable. Un entrepreneur n’est-il pas un modèle d’organisation? N’est-ce pas là une qualité requise, évidente, innée même ? Suis-je à la hauteur de mon projet ? Existe-t-il un moyen, un livre, une application peut-être pour remédier à cela ?
Alors quoi ? Que faire ? Par où commencer cette journée ? Comment remettre d’aplomb ce qui est chamboulé alors que la motivation a déserté l’horizon ? Il n’est que 7h15 à ce moment là – la journée va être longue !

Et puis le reste de la maisonnée s’éveille. Fini le tête à tête épuisant avec moi-même. Je sens le doux frôlement du chat contre mes jambes, comme pour me dire merci. Ma princesse se glisse sur mes genoux, encore ensommeillée, réclamant un câlin.

Je glisse un “et si on faisait des savons aujourd’hui ?”.
Oui voilà, on va faire des savons. On va mettre des couleurs, des parfums, des formes. On les offrira et on s’en gardera un ou deux pour nous. C’est le pouvoir du fait-maison ! Il réanime chez moi la petite flamme de l’estime de soi. Il me met en action. Il bloque mes pensées parasites.

Au final, je n’ai pas fait que des savons aujourd’hui. J’ai pris un café avec ma mère, fait une grande balade entre filles, travailler un peu ma communication et organiser la semaine à venir (ses vacances ne devaient pas être si bien que ça)… Maintenant je suis fatiguée. Je sais que ces pensées reviendront. Ou d’autres encore. Mais j’ai posé ça là. Une ancre pour me rappeler que rien ne se passe jamais comme prévu.

Je me souviens d’une phrase qu’a prononcé mon mari au terme de notre périple irlandais pas si lointain : ” Ce que j’ai aimé le plus dans ce pays, c’est me perdre”. C’est peut-être ça aussi la vie, l’entrepreneuriat : se perdre parfois et savoir apprécier ça.

Ce fût une bonne journée. Une bonne semaine aussi.
Rien ne s’est passé comme prévu et c’est OK.